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Construit avec le soutien financier du gouvernement suisse, le Marché international à bétails de Fada N’Gourma représente un maillon stratégique du secteur de l’élevage

De loin, l’épais nuage de poussière qui recouvre le ciel laisse penser que s’y déroule un championnat régional de lutte Samo. Mais quand on s’en approche, on n’entend ni sons de tam-tam, ni cris d’encouragement, ni hurlements. Vous parvient plutôt un bruit sourd où se mêlent bêlements, meuglements, un incessant vroum-vroum de camions qui arrivent sur l’aire de stationnement ou en partent, et les décibels que crache une sono mal réglée.
A la sortie Est de Fada, sur la route nationale N°4 Fada-Kantchari en direction du Niger, se dresse un grand mur en briques cuites, couvrant 4,70 ha de superficie. Il faut d’abord garer sa moto au parking, parcourir une cinquantaine de mètres avant de franchir une des portes d’entrée de cette imposante arène qui fait la fierté de la ville. Bienvenue au Marché international à bétails de Fada N’Gourma (MIB), construit en 2006 pour un coût de 720 millions de F CFA grâce à un accord de financement signé entre le gouvernement suisse, la direction de développement de la région et le gouvernement burkinabè. C’est ici que tous ceux qui opèrent dans le secteur de l’élevage se donnent rendez-vous chaque dimanche pour vendre ou acheter du bétail et faire des affaires. Un rendez-vous bien inscrit dans l’agenda de nombreux commerçants de pays d’Afrique de l’Ouest, notamment le Nigeria, le Ghana, la Côte d’Ivoire et le Togo.
Infrastructure économique de grande envergure, le marché est divisé en deux compartiments : Le premier est réservé à l’administration et au commerce classique (friperie, boissons, nourriture, ustensiles de cuisine, accessoires d’habillement, etc.), et le second héberge le marché de bétail. Ce dernier est subdivisé en plusieurs box correspondant à chaque catégorie de bétail : Le gros et petit ruminant. 32 box sont réservés aux bovins, 64 aux ovins-caprins et 128 pour la volaille.
Dans un brouhaha qui caractérise les marchés africains, vendeurs, acheteurs, intermédiaires et transporteurs prennent d’assaut cet espace dès le petit matin. Les vendeurs, en général des éleveurs viennent des villages environnants, notamment de Tanwalgougou, Yamba et des petits marchés alentours. « En moyenne, pas moins de 4000 têtes de gros ruminants sont vendues par jour de marché, et ça peut être plus si le jour du marché tombe la veille ou quelques jours avant la Tabaski », explique Birba Koudrègma, gestionnaire du marché depuis 2014. « Cette année, on aurait pu faire de bonnes affaires à la Tabaski, mais à cause du coup d’Etat de Diendéré, ça moins marché », ajoute t-il. Les oreilles du Général ont dû siffler par ici !
L’entrée sur l’aire du marché est gratuite, mais le vendeur doit s’acquitter d’une taxe de 500 F par tête et confier ses animaux aux courtiers, seuls mandatés pour les vendre. « Pour éviter des malentendus, on se met d’accord sur le prix de l’animal, à charge pour le courtier de trouver l’acheteur et réaliser sa marge », explique le gestionnaire, qui estime à environ 20 millions de F CFA le chiffre d’affaires annuel du marché.
Une fois achetés, les animaux sont parqués dans des camions spécialement aménagés, dans des conditions qui donneraient des urticaires aux défenseurs des animaux. Destination : Les marchés de Koupéla, Pouytenga, Tenkogogo, l’abattoir frigorifique de Ouagadougou, mais aussi vers le Togo, la Côte d’Ivoire et surtout le Nigeria où la demande en viande est très forte et où on paie cash sans trop marchander.
Dans cette région de l’Est où l’élevage occupe une place de choix dans l’économie, le marché international de bétail constitue un outil performant d’écoulement de la production. Reste qu’il est sous exploité, ce que regrette Birba Koudrègma : « La gestion du marché n’est pas maximisée parce qu’il n’y a pas de marchés secondaires. Entre deux dimanches, on aurait pu avoir d’autres activités en créant un autre rendez-vous pour d’autres produits », regrette t-il. Son bureau, sobrement équipé, est mitoyen de « Radio à Bétails, « un outil qui sert à sensibiliser les vendeurs et les acheteurs à payer les taxes et à signaler tout incident qui se produirait dans le marché », précise le gestionnaire.
Le marché est géré par un conseil stratégique d’exploitation de 14 personnes dont cinq élus membres de la délégation spéciale suite à la dissolution des conseils municipaux sous la Transition, et d’un comité de gestion de sept membres.
Au quotidien, ce sont quatre permanents dont un gestionnaire qui a besoin de renforcer ses capacités, et trois gardiens qui veillent au bon fonctionnement du marché, auxquels s’ajoutent un caissier intérimaire, un statisticien, huit prestataires, trois collecteurs et les agents de la police municipale.
Dans sa déclaration de politique générale le 5 février dernier, le premier ministre Paul Kaba Thièba s’est engagé à construire 20 lycées professionnels et à développer des filières de formation dans les domaines de l’agriculture, l’élevage, la boulangerie, la menuiserie et la mécanique. A l’Est du Burkina, on piaffe d’impatience d’acquérir des compétences en élevage intensif et en gestion de fermes modernes.

Source: http://lefaso.net/spip.php?article70034

Promouvoir le filière Bétail-viande en Afrique de l'Ouest

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